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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

vingt pour les possessions hollandaises et espagnoles. Celle de Ceylan, entièrement bouddhiste, dépasse deux millions suivant Mac-Carthy[1]. Dans l’Inde proprement dite, il n’y a pour ainsi dire point de bouddhistes.

D’après ces calculs nous obtenons donc pour ces parties de l’Asie un total approximatif de 534 millions d’habitants. Les deux tiers au moins sont considérés comme bouddhistes, le reste comprend les disciples de Confucius et de Lao-Tseu, adhérents des religions dominantes dans la Chine proprement dite[2], les musulmans (nombreux dans la Tartarie chinoise) et les tribus païennes de la péninsule de l’Indo-Chine et de l’Archipel ; le nombre de ces derniers est relativement faible, vu le peu de population de leurs districts. Nous pouvons donc estimer le total des bouddhistes à 340 millions.

Les autres parties du globe ajoutent à ce nombre un contingent relativement peu important, qui semble pourtant devoir dépasser un million. Les provinces orientales de l’empire russe renferment environ 400,000 bouddhistes, soit 82,000 kirghis et 119,162 kalmoucks habitant l’Europe[3], et les Bouriats (environ 190,000 âmes) vivant dans la Sibérie ; ceux-ci sont presque tous disciples de Bouddha[4]. Il faut encore ajouter pour l’Himalaya et le Tibet occidental, indépendants de la Chine, les habitants de Bhouthan au nombre 145,200, tous bouddhistes selon Pemberton[5].

J’estime de 500,000 à 550,000 la population de Sikkim, réunie aux bouddhistes de Népal, en grande partie d’origine tibétaine[6]. La province bouddhiste

  1. Rapport des procès-verbaux de la quatrième session du Congrès International de statistique, Londres, 1861, p. 84. Comparer Hardy, Eastern Monachism, p. 310.
  2. Gutzlaff établit que les bouddhistes forment la secte la plus populaire et la plus nombreuse en Chine ; il ajoute que leurs établissements religieux : peuvent être estimés, aux deux tiers de la totalité des édifices pieux de ce pays. R. As. Soc., vol. XVI, p. 89. Schott, Buddhismus, p. 26 ?[illisible], 1844, pense que les bouddhistes sont la minorité.
  3. Notes prises dans le mémoire de P. von Köppen « Ueber die Anfertigung der ethnographischen Karte des Europaischen Russlands, Bulletin hist.-phil. de l’Académie de Saint-Pétersbourg, vol. IX, p. 333.
  4. Latham, Descriptive ethnologie, vol. I, p. 303. Je l’ai aussi entendu dire par Gombojew, Bouriat de Selenginsk.
  5. Rapport sur Bhoutan, p. 151. Un calcul récent de Hugues, rapporté par l’Allgemeine Zeitung, janvier 1862, donne 1,500,000 habitants ; ce nombre paraît quelque peu exagéré.
  6. Hugues calcule que le Népal renferme 1.940.000 habitants dont 500,000 bouddhistes. Ce nombre ne noua paraîtra pas exagéré, si nous nous rappelons que les bouddhistes de Népal sont divisés en quatre sectes et que ces doctrines ont pris une grande extension dans les diverses tribus d’origine tibétaine qui habitent ce royaume. Voyez Hamilton, cité par Ritter, Asien, vol. III, p. 120, 123, 125, 129. Hodgson, Languages, As. Res., vol. XVI, p. 435 ; le même sur les aborigènes du Sud Himalaya, dans Records of the gov. of Bengal, p. 129.