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LE BOUDDHISME AU TIBET

4° La bonne manière d’agir, ou de garder dans toute action un but pur et honnête ;

5° La bonne manière de supporter la vie, ou de gagner sa subsistance par des moyens honnêtes sans la souillure du péché ;

6° La bonne direction de l’intelligence qui conduit au salut final (de l’autre côté de la rivière) ;

7° La bonne mémoire qui permet à l’homme d’imprimer fortement dans son esprit ce qu’il ne doit pas oublier ;

8° La bonne méditation, ou esprit tranquille, par lequel seulement on peut atteindre à la constance dans la méditation sans être troublé par aucun événement.

On a douté avec raison que Sākyamouni ait enseigné les quatre vérités sous cette forme ; mais il doit avoir parlé des moyens d’atteindre à la libération finale, ou au salut et j’ai ajouté ici ces huit classes du chemin qui lui sont attribuées déjà dans les plus anciens soûtras[1]. La théorie des quatre vérités a été formulée en une courte sentence, qu’on a découverte sur plusieurs anciennes images bouddhiques ; en outre, on la récite actuellement comme une sorte de profession de foi et on l’ajoute aux traités religieux. La voici :

« Toutes choses procèdent de causes ; le Tathāgata a expliqué la cause de leur procession. Le grand Sramana a également déclaré la cause de la fin de toutes choses[2]. »

Tathāgata et Sramana sont deux épithètes de Sākyamouni, ainsi qu’il a été dit précédemment. Les anciens livres religieux appliquent aux disciples de Sākyamouni le titre Srāvakas, « auditeurs », nom qui se rapporte à leur perfection spirituelle. Les bouddhistes de cette époque paraissent s’être donné le nom de Sramanas, « ceux qui domptent leurs pensées, qui agissent purement » par allusion à leurs vertus morales et à leur conduite générale[3].

  1. Au sujet des quatre vérités voyez : Csoma, Notices dans As. Res., vol. XX, pp. 294 à 303 ; Burnouf, Introduction, pp. 290, à 629 et Lotus de la bonne Loi, appendice V. Dans le chapitre suivant on verra une autre série de ces huit classes, qui sont évidemment le produit d’écoles plus nouvelles.
  2. Cette sentence sert aussi de conclusion à l’adresse aux Bouddhas de Confession, voir chapitre IX. Nous avons suivi Hodgson dans la traduction de cette sentence ; voyez : Illustrations, p. 158 ; d’autres traductions de diverses versions ont été publiées par Prinsep, Csoma, Mill et récemment comparées par le Colonel Sykes. Voyez : Miniature Chaityas and inscriptions of the Buddhist religion’s dogma dans R. As. Soc., vol. XVI, p. 37. Le texte sanscrit écrit en caractères tibétains et la version tibétaine sont donnés planche I.
  3. Wassiljew, Der Buddhismus, p. 69.