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ANNALES DU MUSEE GUIMET


CHAPITRE IV

SYSTÈME HINAYĀNA

Controverses sur les lois de Sākyamouni. — Doctrines Hinayāna. — Les douze Nidanas, caractère des préceptes. — Méditation abstraite conseillée. — Degrés de perfection.


À l’époque de la mort de Sākyamouni les Hindous n’était pas assez civilisés pour avoir une littérature, et les prétentions des bouddhistes à posséder des lois écrites de son vivant (selon la croyance du Népal) ou immédiatement après sa mort (opinions des Chinois) sont positivement sans fondement. D’après de récentes recherches, il paraît probable que les alphabets qui ont servi à écrire les premières données historiques connues, inscriptions du roi Asoka (environ 250 ans avant Jésus-Christ), étaient imités de l’alphabet phénicien ; celui-ci fut apporté aux Indes par des marchands vers le cinquième siècle avant Jésus-Christ ; à la même époque les lettres grecques furent connues dans les anciens districts de Gandhāra et de Sindhou, contrées au pied de l’Himalaya arrosées par l’Indus[1]. Nous pouvons maintenant affirmer que les paroles et les doctrines attribuées à Sākyamouni se transmettaient par tradition orale jusqu’au premier siècle avant l’ère chrétienne. Les histoires écrites furent entreprises séparément par les bouddhistes du Nord et ceux du Sud. À Ceylan, les prêtres les écrivirent pendant le règne de Vartagāmani, 88-76 avant Jésus-Christ ; leurs frères du Nord rédigèrent leurs traditions dans une assemblée de prêtres, ou synode, réunie par le roi Tourouschka Kanishka, 10-40 A. D. Les Singalais employèrent la langue vulgaire, et leurs livres furent traduits en dialecte sacré, pâli, au commencement du cinquième siècle de notre ère ; les branches du Nord se servirent du sanscrit[2].

  1. A. Weber, Zschr. d. d. Morgen. Ges., vol. X, p. 396. Westergaard, Ueber den ältesten Zeitraum der Indischen Geschichte, pp. 35 et 80. Wassiljew, Der Buddhismus, p. 30, pense cependant que les missionnaires bouddhistes avaient appris les lettres grecques dans la Bactriane au troisième siècle avant J.-C. et croit qu’Asoka composa d’après elles les alphabets employés dans ses inscriptions.
  2. Turnour, Mahāvansa, p. 207. Lassen, Indisch. Alt., vol. II, pp. 435 à 460. Westergaard, l.c., p. 41.