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LE BOUDDHISME AU TIBET

chose dans leurs livres. Les Tantras sont plus récents, surtout ceux d’entre eux où l’observation des pratiques magiques est portée à l’extrême, même pour le mysticisme, quelle que soit sa forme.

Wilson croit que les idées Tantrika sont nées dans l’Inde dans les premiers siècles du christianisme, mais le rituel hindou actuel ne lui paraît pas remonter au delà du dixième siècle ; c’est probablement vers la même époque que les Tantras furent introduits dans la littérature sacrée des bouddhistes. Leur origine moderne est prouvée par le récit des auteurs tibétains sur l’apparition du système Dons Kyi Khorlo qui subordonne l’affranchissement de la métempsycose à la connaissance des Tantras. C’est du moins ce que dit Padma Karpo, lama tibétain qui vivait au seizième siècle, dans sa description de ces doctrines : « Celui qui ne connaît pas les principes tantrika et tout ce qui s’y rattache est un vagabond dans l’orbe de transmigration ; il est hors de la voie du suprême triomphateur (sanscrit Bhagavan Vadjradhara)[1]. » Une autre preuve, mais indirecte, de leur récente origine, se trouve dans le fait qu’il y a très peu de livres tantrika en langue chinoise. Si les pèlerins bouddhistes chinois, qui voyageaient encore dans l’Inde au septième siècle de notre ère, avaient trouvé ces traités, ils les auraient rapportés pour les traduire et dans cette branche aussi la littérature chinoise serait plus riche que la tibétaine, tandis que c’est le contraire. En outre on raconte aussi que les plus habiles magiciens indiens ou tantristes n’existaient pas encore lors des voyages des pèlerins chinois dans l’Inde et que les plus importants des Tantras ont été traduits en chinois pendant la dynastie septentrionale Song qui régnait de 960 à 1127 avant Jésus-Christ.

Kala Chakra est le titre de l’ouvrage le plus important de ce système ; il se trouve en tête de la division Gyout du Kandjour aussi bien que du Tandjour ; il a été expliqué et commenté à plusieurs reprises par des savants qui vivaient aux quatorzième, quinzième et seizième siècles, dont les plus illustres furent Pouton ou Bouston, Khétoup et Padma Karpo.

J’ai divisé les dogmes du mysticisme en quatre groupes.

I. Il y a un premier, un souverain Bouddha, Adi Bouddha, en tibétain

  1. La prétention d’attribuer à Sakyamuni la paternité de ces doctrines n’est pas admissible à cause du style, du fond et des dates historiques.