Page:Schlegel - Œuvres écrites en français, t. 1, éd. Böcking, 1846.djvu/22

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« M. Schlegel se donne l’air de n’en vouloir qu’à Racine : mais au fond il veut déprécier toute la littérature française. » C’était me faire tort : j’y admire beaucoup de choses. et quelques-unes me semblent inimitables. D’autres honneurs encore me furent décernés : une princesse polonaise, grande admiratrice du poëte tragique, foula ma brochure aux pieds, comme François Ier avait foulé la Divine Comédie qu’il se faisait expliquer par Annibal Caro, lorsqu’il fut arrivé à ce passage où le Dante fait dire à Hugues Capet qu’il a été le fils d’un boucher parisien. Je reçus les surnoms de détracteur de Racine, de Caligula ou de Domitien (c’est tout un) de la littérature française. Ce n’est pas mon usage de répondre aux attaques littéraires ; autrement il m’eut été facile de montrer que ma critique était très-mesurée en comparaison de la polémique de Lessing, qui avait, quarante ans plus tôt, accable de ridicule trois célèbres tragédies : Rodogune, Merope et Sémiramis. En effet. Lessing savait manier l’arme du sarcasme comme la massue d’Hercule.

Ma Lettre sur les chevaux de bronze de Saint-Marc, écrite à Florence en 1816, fut traduite en italien par M. Acerbi, et insérée dans la Biblioteca italiana qui se publiait a Milan. L’original n’entra point dans la librairie ; je n’en avais fait tirer qu’une centaine d’exemplaires pour les distribuer aux hommes de lettres et aux artistes avec lesquels, pendant mon second séjour en Italie, j’avais entretenu des liaisons instructives et agréables. Dans la lettre même et dans l’appendice j’ai expliqué l’occasion et la suite de cette controverse d’antiquaire, qui offre quelque intérêt par rapport à l’histoire générale des beaux-arts.