Page:Schlegel - Œuvres écrites en français, t. 1, éd. Böcking, 1846.djvu/226

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azurée ; le second, en paroles ineffables au fond de mon cœur.

20.

Désirer qu’une doctrine soit vraie, est un puissant moyen de s’en convaincre.

21.

J’ai connu beaucoup de mystiques qui ne se lassaient point de dire que, dans toutes les combinaisons de la vie. il faut bien se garder de prendre une résolution de son propre chef ; qu’il faut attendre les impulsions d’en haut, qu’on obtient par la vertu des prières ; enfin, qu’il faut laisser faire la Providence, qui sait mieux que nous ce qui nous est nuisible ou salutaire. Mais je n’ai jamais vu un seul homme de cette secte qui, surpris par une averse, n’eût déployé son parapluie.

22.

Les chrétiens, en général, se résignent à ne voir Dieu qu’en profil : leurs prières sont des monologues auxquels ils n’espèrent point obtenir une réponse directe. Les mystiques prétendent le voir en face. Assurément, ce serait un beau privilège, et je laisse volontiers indécis si cela est possible ou non. Mais si, par hasard, ils prenaient leur propre physionomie réfléchie dans un miroir éclairé d’une lumière éblouissante pour les traits de la divinité, cette erreur pourrait leur devenir funeste.

23.

Dieu est l’amour. Qui n’accueillerait pas avec empressement une doctrine aussi consolante ? Néanmoins, n’eût-il