Page:Schlegel - Œuvres écrites en français, t. 1, éd. Böcking, 1846.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
71.

« La fleuraison est la joie des arbres. » Admirable expression de Pline ! Si un naturaliste moderne l’avait inventée, on pourrait l’en féliciter. Ce serait un signe que le sentiment de la vie universelle dans la nature, de l’âme du monde, se serait réveillé en lui.

72.

Il est impossible de se figurer la béatitude céleste sans des hymnes et des chants d’allégresse. C’est pourquoi la musique, ce bel organe de l’âme pour les choses ineffables, a toujours occupé une grande place dans le culte chez tous les peuples sensibles et spirituels. Je ne vois pas de musique dans le paradis de Mahomet ; mais qu’a-t-il mis à la place ? La volupté la plus grossière. Luther disait qu’après la théologie, la musique est la première des sciences. Pourquoi les protestants, quels qu’ils soient, luthériens, calvinistes, anglicans, font-ils donc de la musique si détestable dans leurs temples ? Les catholiques chantent bien, les Russes de l’église grecque chantent bien, et les protestants chantent mal. Les puritains avaient tellement en horreur tout ce qui, dans le culte, agit sur l’imagination, qu’ils appelaient les chants d’église des hurlements diaboliques. Je ne dirai pas cela ; mais, assurément, c’est une psalmodie monotone et très-peu harmonieuse. L’exercice du chant devrait former une partie essentielle de l’éducation religieuse.

73.

Le célèbre professeur en théologie D. W. fut prié, dans