Page:Schlegel - Œuvres écrites en français, t. 1, éd. Böcking, 1846.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce n’est plus qu’une vision intérieure, un phénomène psychologique. Que juger d’un historien qui se contredit ainsi, et qui ne semble pas même s’apercevoir de l’importance de cette contradiction ?

27.

Rien n’est plus ordinaire dans les climats méridionaux qu’un coup de foudre subit et isolé, point annoncé par des nuages amoncelés, ni suivi d’une averse. Il est fort naturel aussi qu’un cheval, effrayé en même temps par l’éclair et le fracas du tonnerre, se cabre, et par suite de ses mouvements précipités il peut facilement s’abattre. Enfin une forte explosion électrique qui effleure les yeux sans les frapper directement, peut causer un tel éblouissement qu’on ne recouvre l’usage de la vue qu’après quelques jours. Voilà cependant tout le miracle de la conversion de saint Paul. Je n’y vois rien de merveilleux, si ce n’est la mobilité d’un caractère passionné. Saint Paul est toujours encore Saül : seulement la direction de son zèle inquiet et ambitieux est changée.

28.

Une forte secousse physique, une frayeur soudaine, un bouleversement des sens, un danger instantané auquel on échappe, doivent augmenter la mobilité de l’imagination et disposer un homme passionné à devenir visionnaire. C’est ce qui est arrivé à saint Paul lors de l’accident près de Damas. Après son entretien avec la voix invisible, il crut avoir eu une seconde apparition dans le temple de Jérusalem. Il consultait, sur les missions à entreprendre, ses rêves comme des messages du ciel. Ayant passé