Page:Schlegel - Œuvres écrites en français, t. 1, éd. Böcking, 1846.djvu/283

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brusquement d’un extrême à l’autre, de la haine d’un imposteur présumé à l’adoration du fils de Dieu, saint Paul prêcha le Christ qu’il n’avait jamais vu, avec plus d’exaltation que les apôtres primitifs, ses commensaux, ses confidents, et les témoins de ses paroles et de ses actions.

29.

Saint Paul, ou, pour parler plus exactement, à cette époque encore Saül, avait de grandes obligations à saint Barnabé. Après sa conversion, selon saint Luc, Saül fit un séjour de quelque durée à Damas ; une conjuration des Juifs orthodoxes, qui voulaient l’assassiner, le força de s’échapper clandestinement. Il se rendit à Jérusalem, et lâcha de trouver accès auprès des disciples de Jésus, chefs de la secte ; mais ils se défièrent de lui, sachant qu’il avait persécuté leurs frères. Alors Barnabé le prit sous sa protection, le présenta aux apôtres et répondit de sa loyauté. Néanmoins il courut de nouveaux dangers, quelques Grecs, c’est-à-dire Juifs hellénisés, à qui il avait fait des ouvertures, ayant conspiré contre sa vie. Il partit donc de Jérusalem, accompagné par quelques-uns des frères jusqu’à Césarée ; de là il regagne sa ville natale, Tarse en Cilicie, quelque temps après. Les chefs de la communauté à Jérusalem apprirent que les frères, dispersés par la crainte de subir le même sort que saint Étienne, avaient converti beaucoup de monde à Antiochie ; ils y dépêchèrent Barnabé, muni de leurs pleins pouvoirs. Celui-ci, après y avoir fait sa première inspection, alla de son gré à Tarse pour retrouver Saül. Il le ramena avec lui à Antiochie, où ils travaillèrent conjointement à augmenter le nombre des fidèles, qui, dans cette ville la