Page:Schlegel - Œuvres écrites en français, t. 1, éd. Böcking, 1846.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

première, furent appelés christiani. Un an plus tard les deux apôtres furent envoyés à Jérusalem, pour y porter le produit d’une collecte, faite à l’effet de soulager l’église mère dans l’appréhension d’une disette générale. Ils revinrent à Antiochie, accompagnés d’un certain Joannès, surnommé Marcus. Choisis par leurs confrères pour l’œuvre des missions lointaines, ils passèrent à Seleucie en Chypre, et de là en Pamphylie, où Marcus les quitta pour retourner à Jérusalem. Les deux apôtres continuèrent leur vie ambulante à travers différentes contrées de l’Asie Mineure, avec des succès variés. Revenus à Antiochie, ils trouvèrent la communauté divisée sur une question de discipline ecclésiastique. L’assemblée des disciples établie dans la cité sainte était toujours en possession de l’autorité suprême ; Barnabé et Saül furent délégués pour demander une décision, qu’ils rapportèrent accompagnés par des mandataires munis d’instructions écrites. Après quelques jours, les deux apôtres se décidèrent à entreprendre de nouvelles missions ; Barnabé voulut s’associer Joannès Marcus ; Saül s’y opposa, en soutenant que cet homme, qui les avait abandonnés en Pamphylie, était indigne d’un tel honneur. Là-dessus ils eurent une querelle violente ; ils se séparèrent pour ne jamais plus se rejoindre. Barnabé s’embarqua pour Chypre, et Saül poursuivit d’un autre côté ses courses aventureuses.

Je trouve le procédé de saint Paul fort mauvais. Barnabé était son bienfaiteur, son patron, et lui avait donné des preuves d’une affection spontanée. Convenait-il à Saül d’être irréconciliable envers Marcus pour un manque de zèle, à lui, coupable du crime bien autrement grave d’avoir persécuté les fidèles ? Mais il était las de jouer le second