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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/269

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tions aussi indignes et [223] aussi inconséquentes[1] à l’égard de l’État.

Quand celui-ci prend à sa solde des artistes d’autres spécialités, que ce soit pour mieux entretenir et développer leurs talents ou pour attirer des élèves, il écarte d’eux toute autre occupation, et leur fait un devoir de s’en abstenir ; il leur recommande de s’appliquer de préférence à la partie spéciale de leur art dans laquelle ils croient pouvoir réussir le mieux, et laisse en cela à leur génie pleine liberté. À l’égard des seuls artistes de la religion il fait exactement le contraire. Il veut que ceux-ci occupent tout le domaine de ce qui leur est départi, leur prescrit de plus à quelle école ils doivent se rattacher, et leur impose en outre des fardeaux déplacés. Or, de deux choses l’une : ou bien que l’État leur laisse aussi du loisir pour se perfectionner particulièrement dans la partie de la religion pour laquelle ils croient être le mieux faits, et les affranchisse de tout le reste ; ou bien, après avoir organisé son institut moral pour lui-même[2] ; ce qu’il doit d’ailleurs faire également dans le premier cas, qu’il les laisse eux aussi vivre selon leur nature pour eux-mêmes, et ne s’occupe en rien des œuvres de prêtrise qui s’accomplissent dans son domaine, étant donné que d’ailleurs il ne les fait servir ni à sa magnificence ni à un avantage d’utilité, comme il lui arrive de faire avec d’autres arts et d’autres sciences.

[224] Arrière donc toute liaison de ce genre entre l’Église et l’État[3] ! Ceci restera mon conseil catonique jusqu’à la fin, ou jusqu’à ce que je voie cette union réellement brisée. Arrière tout ce qui ne fait même que ressembler à une association fermée des laïques et des prêtres, groupés soit entre membres de la même catégorie, soit entre membres des deux[4]. Les apprentis ne doivent au sur-

  1. B : inexécutables.
  2. Ici encore l’auteur éprouve en 1821 le besoin de discuter de plus près, note 22, le problème des rapports entre l’Église et l’État, sur le plan de l’enseignement à ses divers degrés.
  3. Dans son commentaire 23, l’auteur déclara que tel est toujours encore son sentiment, confirmé par les expériences qu’il a faites dans l’intervalle.
  4. Sur ce point au contraire, l’auteur reconnaît, commentaire 24, que les expériences faites l’ont encouragé dans l’activité qu’il a déployée en faveur des réunions synodales.