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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/270

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plus pas former de corporations : on voit dans les métiers mécaniques, et chez les disciples des Muses, combien peu cela sert ! Mais les prêtres aussi ne doivent à mon avis pas, en tant que tels, instituer de confrérie entre eux ; ils ne doivent se communiquer professionnellement ni les affaires qui les occupent, ni leurs informations. Sans se soucier les uns des autres, et sans être liés dans telle ou telle circonstance plus étroitement avec l’un qu’avec l’autre, que chacun fasse ce qui le concerne. Qu’entre membre enseignant et paroisse aussi, il n’y ait point de lien rigide. D’après les principes de la véritable Église, la mission d’un prêtre dans le monde est une affaire privée ; qu’un domicile privé aussi soit le temple où sa voix s’élève pour exprimer la religion ; qu’il ait devant lui une réunion, et non une paroisse ; qu’il soit un orateur pour tous ceux qui veulent l’entendre, et non le berger d’un troupeau déterminé. Ce n’est qu’à ces conditions que des âmes vraiment sacerdotales [225] peuvent seconder ceux qui cherchent la religion ; ce n’est qu’ainsi que cette société préparatoire peut vraiment conduire à la religion, et se rendre digne d’être considérée comme une annexe de la véritable Église et son vestibule ; car c’est ainsi seulement que disparaît tout ce qui dans sa forme actuelle est profane et irréligieux.

La liberté générale du choix, de l’acceptation[1] et du jugement, adoucit la différence trop rigoureuse et trop tranchante entre ecclésiastiques et laïques ; jusqu’à ce que les meilleurs parmi ces derniers en viennent au point où ils sont en même temps ce que sont les premiers. Tout ce qui a été maintenu uni par les liens funestes des symboles[2] est disjoint et séparé quand il n’y a plus du tout de point de réunion de cette espèce, quand personne n’offre, à ceux qui cherchent, une religion systématisée, mais chacun une partie seulement ; et cela est le seul moyen d’en finir une bonne fois avec ce choquant illogisme. Ce n’est qu’un mauvais expédient des âges précédents de couper en deux l’Église — pour employer ce mot

  1. Anerkennung, dont le sens n’est précisé par aucun déterminatif.
  2. Dans sa note 25, en 1821, le théologien explique que ce qu’il condamne toujours encore aussi sévèrement c’est l’importance attachée à la lettre dans les formules de professions de foi ; cf. p. 198, note 35.