Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/77

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munautés secondaires de même qu’avec l’humanité en général.

Dans cet esprit, parlant des croyants vraiment religieux, le pasteur déclare à la fin de ce 4e discours : « Ils forment un chœur d’amis. Chacun sait qu’il est lui aussi une partie et une création de l’Univers, qu’en lui aussi se manifeste l’activité et la vie de ce principe divin ». Nous retrouvons ici la justification métaphysique, religieuse, de l’individualisme que nous connaissons. Et voici la constatation de la complémentaire nécessité d’une communion interindividuelle : « Ce qu’il saisit en lui-même de cet Univers, ce qui prend, forme en lui-même des éléments de l’humanité, il l’offre aux regards d’autrui avec une sainte pudeur, mais avec une franchise tout ouverte, afin que chacun pénètre en lui, regarde et voie » (pages 233-234). Il agit ainsi surtout, comme cela a été affirmé au début de ces considérations, par besoin de s’assurer que ce qu’il a ressenti n’a rien que d’universellement humain, par avidité d’apprendre ainsi ce que d’autres ont ressenti d’analogue (pages 177-179).

Dans une telle « communauté de frères » se développe un esprit collectif, qui fait communier chacun des individus qui la composent avec les autres, et tous avec l’humanité globale, et avec celle-ci, en celle-ci, avec le Divin : « Plus chacun se rapproche de l’Univers, plus il se communique aux autres, plus est parfaite la fusion de tous ; aucun n’a plus une conscience séparée, chacun a en même temps celle d’autrui ; ce ne sont plus seulement des hommes (individus), ils sont aussi humanité, et, sortant d’eux-mêmes, triomphant d’eux-mêmes (de leur individualité étroite), ils sont sur la voie de la vraie immortalité, de la véritable éternité » : c’est-à-dire nous l’avons vu, de la participation au divin, de l’absorption en Dieu (page 234).

Nous avons dans ce passage une psychologie en raccourci de ce qui sera si étudié dans la suite sous le nom de mentalité collective ou des foules, raccourci intéressant en soi, et intéressant au point de vue historique, comme témoignage de cet esprit de société dont il importe de reconnaître que, nous l’avons vu, il alterne ou coïncide chez ces romantiques avec l’esprit individualiste. Ce sens est orienté ici, à travers et par delà le groupe et l’humanité, vers l’Univers, vers Dieu. Voyons quelles idées il inspire au théologien protes-