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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/173

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un rôle assez important dans la philosophie de Kant. Il disposait d’une série d’arguments qu’il estimait parfaitement valables du point de vue ordinaire et qui prouvaient que l’univers devait être fini dans l’espace et dans le temps ; et il disposait d’une autre série d’arguments sur la page opposée qui prouvaient que l’univers devait nécessairement être infini à ces deux égards. Il pensait qu’il existait une véritable contradiction entre ces deux preuves, qui ne pouvait être surmontée que par sa propre philosophie, avec sa distinction entre le monde en tant qu’apparence et le monde en tant que réalité. De nouveau, la science moderne, qui rejette entièrement la raison purement spéculative de Kant, dispose d’arguments très précis en faveur de l’idée que l’univers est fini dans l’espace. Il y a d’abord des raisons astronomiques qui donnent une certaine probabilité à ce point de vue, mais il y a aussi des raisons générales dérivées de l’application de la physique moderne aux problèmes concernant la structure de l’univers qui semblent presque inévitablement conduire à la conclusion que l’univers doit être fini dans l’espace, mais probablement pas dans le temps. La preuve reposera sur les observations astronomiques et notre connaissance des lois de la nature, et sur rien d’autre. Ce cas est similaire à celui de la question précédente en ce sens que le problème semble passer du domaine de la spéculation philosophique à celui de l’observation scientifique, passant ainsi d’une question apparemment sans issue à une question à laquelle il est possible de répondre parfaitement. Avec le développement de nos connaissances, nous découvrons des possibilités qui étaient auparavant inconnues des hommes ; le nombre de problèmes insolubles semble donc diminuer. Quelle est la signification de ce processus et peut-il se poursuivre indéfiniment ?

Considérons maintenant un autre problème « purement philosophique », l’un des plus anciens de la philosophie : la « relation entre le corps et l’esprit ». Existe-t-il peut-être deux substances dans le monde, la substance physique et la substance mentale, et quelle est leur interaction ? L’esprit existe-t-il ou faut-il tout expliquer en termes de physique ? La matière existe-t-elle ou faut-il tout expliquer en termes d’esprit ? Telles sont les questions sur lesquelles les philosophes ont débattu. En ce qui concerne ce problème particulier, bon nombre d’entre eux ont adopté l’attitude selon laquelle il s’agit d’un bon exemple de question sans réponse. Ils affirment, par exemple, qu’il n’y aura jamais le moindre espoir de comprendre même l’acte le plus simple de la sensation. Ils soutiennent qu’il est impossible d’imaginer un moyen par lequel un certain processus physique dans le cerveau peut être transformé en une sensation, c’est-à-dire en