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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/177

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signifie faits d’expérience ; et ainsi l’expérience décide de la vérité ou de la fausseté des propositions, l’expérience « vérifie » la proposition, et donc le critère de la solubilité d’un problème est sa réductibilité à l’expérience possible. Nous pouvons savoir ce qui est vérifiable. Une question est « bonne » si nous pouvons indiquer le chemin de sa vérification par l’expérience possible — bien que, pour une raison pratique, nous puissions être incapables de suivre ce chemin. Avant de parler des problèmes qui sont considérés comme appartenant au genre strictement sans réponse (c’est-à-dire par certains philosophes, car il n’y a pas d’accord général sur ce point), demandons-nous s’il y a peut-être des questions auxquelles on peut répondre et dont le critère ne réside pas dans l’expérience ? Celles-ci dépasseraient évidemment le domaine de l’expérience ; les propositions qui y répondent devraient être vérifiées d’une autre manière, elles porteraient sur des faits extérieurs et indépendants de l’expérience.

De nombreux penseurs croient que de tels problèmes et de telles solutions existent ; le domaine au-delà de l’expérience dont relèvent ces questions et ces réponses serait le domaine de la « métaphysique », et le critère qui nous assurerait de la vérité de ces réponses ne serait pas l’expérience, mais la « raison ». Les philosophes qui croient qu’il existe de telles vérités qui ne peuvent être expliquées par l’expérience mais reposent sur la raison, sont appelés rationalistes (ratio = raison), et il est naturel pour eux de penser que toutes les vérités philosophiques les plus fondamentales sont de ce type. Ceux qui ne croient pas que nous ne puissions avoir aucune connaissance réelle dérivée de notre raison, mais qui soutiennent qu’elle doit toujours reposer sur l’expérience, sont appelés empiristes (empeiria = expérience). On comprend ainsi pourquoi le métaphysicien est généralement en même temps rationaliste, alors que l’empiriste rejette la possibilité d’une métaphysique, c’est-à-dire d’une connaissance qui dépasserait le monde de l’expérience. Il est vrai que dans l’histoire de la philosophie on trouve parfois des points de vue intermédiaires, de sorte que les équations rationaliste = métaphysicien, empiriste = non-métaphysicien, ne sont pas tout à fait correctes historiquement, mais ces points de vue sont dus à certaines confusions qui compliquent la question et dont nous n’avons pas à nous préoccuper.

En général, les deux parties admettent l’existence d’une certaine frontière qui enferme tout ce qui est connaissable par l’expérience et le sépare du reste du monde. Mais le métaphysicien croit que ce mur peut être franchi par notre raison, alors que l’empiriste pense que c’est impossible