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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/188

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3. La représentation par des symboles.

Comment est-il possible qu’en percevant une chose, nous puissions prendre conscience d’une autre chose qui n’est manifestement en rien présente dans la première ?

La première réponse que l’on est tenté de donner à cette question est à peu près la suivante : Pour comprendre l’Expression, dira-t-on, il suffit de rappeler le simple fait de la représentation, c’est-à-dire d’une sorte de correspondance entre deux choses que l’on établit arbitrairement en convenant que l’une tiendra lieu de l’autre, la remplacera dans un contexte donné, servira de signe ou de symbole à l’autre, bref la signifiera.

Comme pour un enfant qui joue, un morceau de bois peut signifier un bateau, ou comme pour un général engagé dans une bataille, quelques traits sur sa carte peuvent représenter une armée en marche — de la même manière, nos mots et tous nos signes pour les mots sont des symboles qui, en partie par un accord arbitraire et en partie par un usage accidentel, représentent les choses dont ils sont les symboles. N’est-il pas naturel de supposer que, de la même manière, nos phrases ou nos propositions représentent les faits qu’elles expriment ?

L’enfant, lorsqu’il apprend à parler, doit apprendre cette correspondance préétablie entre les mots et le monde : c’est, semble-t-il, tout ce qu’il faut pour lui permettre d’utiliser le symbolisme qu’on appelle sa langue maternelle. Il devient capable d’exprimer ses pensées et son expression peut être comprise parce que lui et ceux à qui ils parlent savent par cœur quelle chose particulière est représentée par chaque symbole particulier.

Ainsi, la possibilité de représenter les choses par des signes semble rendre compte de la possibilité du langage, et rien d’autre ne semble nécessaire pour expliquer la nature de l’expression. Mais un examen un peu plus approfondi de la question nous convaincra facilement que cette explication est loin d’être satisfaisante. Elle ne nous aide pas à comprendre cette propriété particulière sans laquelle un symbolisme ne peut être un langage capable de réellement « exprimer » quoi que ce soit.

4. L’expression par opposition à la représentation.

Si nous voulons étudier une langue, nous devons certainement commencer par apprendre son vocabulaire, c’est-à-dire la signification de ses mots. C’est nécessaire, mais pas suffisant. Il nous faut aussi étudier sa grammaire. Mais n’apprenons-nous pas la grammaire exactement de la même manière que le vocabulaire, en apprenant quelle