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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/219

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de déviation, mais il n’y a qu’une seule possibilité : l’utilisation d’expériences antérieures.

Mais à quoi peuvent bien servir les anciennes expériences dans une situation nouvelle, qui est tout à fait différente ? (Il est vrai que s’il n’y avait absolument aucune ressemblance entre l’ancien et le nouveau, la raison serait sidérée et surprise et incapable de donner aucun conseil : mais cela n’arrive jamais, sauf dans la prime jeunesse. C’est la fonction de la raison de détecter les similitudes entre le nouveau et l’ancien, entre un objet et un autre. Aussi différents que puissent être deux choses ou événements : l’analyse découvrira généralement qu’ils sont tous deux composés d’éléments similaires, mais dans des combinaisons différentes).

(Supposons qu’un homme soit soudainement amené dans un pays étranger avec un climat, des plantes et des animaux tout à fait différents du sien : il n’a pas à périr, comme un animal pourrait le faire, mais en comparant les nouvelles circonstances avec les anciennes, il trouverait des moyens de subsistance et de protection, il discernerait entre l’ami et l’ennemi, les plantes utiles et nuisibles, et ne serait pas vaincu par le froid de l’hiver même s’il ne l’a jamais connu avec la même intensité auparavant).

La raison permet à l’homme de s’orienter dans le monde, d’une part en l’empêchant d’être jamais complètement pris par surprise et déconcerté : il saura comment se comportent les choses nouvelles parce qu’il les reconnaîtra comme des combinaisons de choses connues ; d’autre part en l’aidant à faire des inventions, c’est-à-dire à créer intentionnellement de nouvelles combinaisons d’éléments anciens afin de produire des effets autrement inaccessibles.

Dans tous les cas, le but pratique de la connaissance est la prédiction, et nous avons de bonnes raisons de considérer comme les caractéristiques déterminantes de la connaissance les propriétés qui rendent la prédiction possible. « Savoir pour prévoir ». La prédiction requiert une anticipation mentale des événements futurs, un examen des combinaisons possibles d’éléments donnés. Cela ne peut se faire en prenant les éléments réels et en les arrangeant dans différents ordres — ce serait essayer, et non prédire : nous voulons juger des combinaisons possibles avant qu’elles n’aient réellement existé. Il faut donc remplacer les objets réels par quelque chose d’autre qui puisse les représenter dans le jeu des combinaisons, c’est-à-dire par des symboles qui puissent être facilement manipulés. Le rôle de ces signes est joué soit par ce que l’on appelle les images mentales, que l’on peut arranger et réarranger dans notre imagination (il s’agit