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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/220

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surtout du processus psychologique de la pensée) ou — dans des cas plus compliqués — nous utilisons des signes écrits = des chiffres et des nombres dans des dessins et des calculs ou peut-être même de petits modèles (surtout dans le cas d’inventions techniques). Comme presque partout ailleurs, les mots jouent un grand rôle ici, ils sont des signes utiles à la fois pour acquérir des connaissances et pour les communiquer.

Ainsi, lorsque nous acquérons la connaissance ou cognition d’un fait, nous le réduisons mentalement à une ou plusieurs autres choses que nous connaissons déjà, et cette « réduction » est simplement une description du nouvel objet au moyen des mêmes signes que ceux qui décrivaient les anciens objets. C’est ainsi que l’« inconnu » est rendu « connu ».

Quel que soit le cas que nous examinons, dans toute connaissance authentique, nous trouvons comme caractéristique commune un acte de reconnaissance qui nous permet de décrire l’objet de cette connaissance au moyen de signes qui sont également utilisés pour d’autres situations.

Or, cette activité qui consiste à trouver des similitudes entre des choses qui, à première vue, ne semblent pas avoir de points communs, est progressivement devenue un plaisir en soi. Le processus d’acquisition des connaissances, qui n’était a l’origine qu’un moyen indispensable pour maitriser les choses et les situations pour les besoins de la vie, a connu le même sort que d’autres activités utiles : comme la marche s’est transformée en danse, la parole en chant, la recherche des connaissances s’est transformée en science. L’esprit humain prend plaisir à réduire les choses les unes aux autres, l’homme aime ce jeu, qu’il puisse ou non en tirer un avantage pratique.

Chaque progrès dans la connaissance scientifique est la découverte d’une nouvelle description d’une chose ou d’un processus, une description en termes de quelque chose d’autre. Le chimiste décrit l’eau comme un composé particulier d’oxygène et d’hydrogène, il n’a plus besoin du mot « eau » et peut toujours écrire la combinaison de signes H2O à la place. Le physicien découvre des similitudes entre tous les différents « éléments » chimiques qui lui permettent de les décrire comme des combinaisons de « protons » et d’« électrons », réduisant ainsi le nombre de symboles nécessaires de 92 a 2 ; il décrit toutes les propriétés de la lumière, de la chaleur rayonnante, des rayons Roentgen et des ondes radio en termes de propriété électromagnétique des « photons ».

Il ne faut pas croire que ce schéma se limite aux sciences au sens étroit du terme ; l’historien, le linguiste, celui qui travaille dans les