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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/277

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perception, volition, etc., peuvent également être exprimées en termes de concepts physiques tels que : stimulus, réponse, processus cérébral, décharge nerveuse, etc. Si cela est exact, on peut y voir une justification de certaines idées dont sont issues les vues métaphysiques de Démocrite et de ses disciples, mais le matérialisme lui-même, en tant que métaphysique, reste aussi absurde qu’auparavant.

La question de la métaphysique est si importante qu’il me sera peut-être permis de donner une autre illustration de la manière dont elle disparaît de notre philosophie.

Descartes, comme on le sait, soutenait que seuls les êtres humains étaient doués de « conscience » et que nous devions considérer les animaux comme de simples automates se comportant exactement « comme s’ils » étaient des créatures « conscientes », mais en réalité condamnés à une existence « sans âme ». On peut facilement et justement faire remarquer que l’argument de Descartes pourrait être étendu à nos semblables. Comment puis-je être sûr que mes frères et sœurs humains sont plus que des automates mécaniques et qu’ils possèdent une conscience semblable à la mienne ? —

La plupart des philosophes, je crois, sont enclins à considérer cette question comme une véritable question et à y répondre de la manière suivante : le comportement de tous les êtres humains, ainsi que celui de tous les animaux, jusqu’aux insectes et aux vers, est, sous les aspects les plus importants, si semblable à mon propre comportement que je dois en déduire l’existence d’une conscience « en eux » ; il s’agit d’une déduction par analogie, il est vrai, mais fondée sur une correspondance si frappante qu’elle doit être considérée comme valable avec un degré de probabilité qui peut difficilement être distingué d’une certitude. Cependant ces philosophes admettent que la probabilité n’est pas exactement égale à 1, qu’elle n’est pas une certitude absolue, et que nous sommes ici en présence d’un cas où la certitude absolue ne peut jamais être acquise. Selon eux, l’existence de la conscience chez d’autres êtres que moi est un problème typique insoluble. Il n’y a aucun moyen imaginable de le trancher. — Que devons-nous en penser ? Notre verdict est simple : si la question est vraiment définitivement sans réponse, c’est uniquement parce qu’elle n’a pas de sens. Et s’il en est ainsi, s’il n’y a pas de problème du tout, il ne peut y avoir de réponse probable non plus, il doit être absurde d’affirmer qu’il est « très probable » que les animaux et les êtres humains possèdent une conscience. On ne peut parler de probabilité que lorsqu’il existe au moins une possibilité théorique de découvrir la vérité.