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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/278

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En réalité, notre question n’a pas de sens parce qu’elle est posée de manière métaphysique : le mot « conscience » (l’un des termes les plus dangereux de la philosophie moderne) est censé représenter le contenu, et c’est la raison pour laquelle il a été déclaré que nous ne pouvions être absolument sûrs de son existence que dans notre propre ego, car le contenu n’exigeait-il pas l’intuition et l’intuition n’était-elle pas limitée à notre propre conscience ? Je sais que la plupart des gens ont beaucoup de mal à admettre que leur raisonnement n’a pas de sens, mais je dois insister sur le fait que, sans l’admettre, nous ne pouvons même pas faire le premier pas en philosophie.

Notre « problème » n’a pas de sens, car le mot « conscience » y apparaît d’une manière telle qu’il nous est impossible d’exprimer ce que nous entendons par là. Il est utilisé de telle manière qu’il n’y a aucune différence découvrable dans le monde si mes semblables sont des êtres « conscients » ou non. Que la réponse soit « oui » ou « non », elle ne peut être vérifiée et cela signifie que nous ne savions pas de quoi nous parlions lorsque nous avons posé la question.

C’est l’une des tâches les plus importantes de la philosophie que d’analyser comment le mot « conscience » doit être interprété pour avoir un sens dans des contenus différents. Nous savons, bien sûr, que certaines structures doivent être indiquées par ce mot. En gardant cela à l’esprit, nous pouvons facilement donner une interprétation non métaphysique à notre question : « les animaux sont-ils des êtres conscients ? Si l’on veut que cette question soit vraiment légitime, elle ne peut signifier rien d’autre que : « le comportement des animaux présente-t-il une certaine structure ? » Elle devient alors un véritable problème et peut recevoir une réponse précise. La réponse n’est évidemment pas donnée par le philosophe mais par le biologiste. Il lui appartient de définir soigneusement le type de structure dont il s’agit (il la décrira probablement en termes de « stimuli » et de « réponses » ), et d’affirmer par l’observation dans chaque cas si un animal ou un être humain particulier, dans des circonstances particulières, présente cette structure particulière. Il s’agit d’une affirmation entièrement empirique à laquelle on peut attribuer la vérité ou la probabilité de la même manière qu’à toute autre expression d’un fait. Il faut noter que partout où l’expression « une personne est consciente (ou inconsciente) » est utilisée dans la vie courante, elle a un sens parfaitement valable et est vérifiable parce qu’elle n’exprime rien d’autre que des faits observables (qu’un médecin, par exemple, peut énumérer).

Ce n’est que sur les lèvres du métaphysicien que le mot est employé