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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/294

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comme signifiant que les processus de la totalité ne sont pas du tout calculables selon les lois de la nature (car cela signifierait l’identification de tels processus avec des événements non déterminés, aléatoires), mais elle signifie manifestement — et on entend très souvent cette formulation — que le comportement des parties est déterminé par le tout, et non l’inverse. Mais cette idée, comme tant d’autres tentatives de distinguer les processus vitaux des processus inorganiques, repose sur une incompréhension totale des termes « loi », « causalité », « détermination »[1]. Si la loi des parties peut être exprimée par celle du tout, l’inverse est toujours vrai ; il s’agit d’une simple différence d’écriture. Le profane s’en apercevra le plus facilement si on lui fait remarquer que le tout n’existe que si toutes ses parties sont présentes, et que par conséquent, dire qu’un événement quelconque est déterminé par le tout revient à dire qu’il est déterminé par toutes ses parties et leurs relations mutuelles. Cela vaut du moins tant que l’on entend par totalité quelque chose d’empiriquement constatable, et si l’on ne voulait pas le faire, toute possibilité d’entente cesserait, il n’y aurait pas de discussion.

Le deuxième critère proposé par Driesch dans les remarques ci-dessus signifierait que les structures organiques ont leur intégrité imprimée de l’extérieur, c’est-à-dire par la forme physique donnée, alors que chez les êtres vivants elle provient de l’intérieur et se rétablit donc d’elle-même dans de larges limites après des perturbations extérieures (par exemple lors de processus de régénération). Mais cela ne conduit pas non plus à une séparation nette ; car d’une part, les conditions extérieures jouent aussi dans l’organique un rôle qui ne peut jamais être totalement négligé et qui est souvent tout à fait décisif, et d’autre part, la conception et la formation de certaines conditions marginales se produisent aussi dans l’inorganique, comme dans les cas déjà mentionnés du système solaire ou de la croissance cristalline. Dans le cas de la « formation de gouttes homogènes », Driesch l’admet lui-même, mais il estime que de tels « cas spécifiques très simples n’entrent pas du tout en ligne de compte comme analogies pour la biologie ». Pourquoi n’entrent-ils pas en ligne de compte ? Simplement parce qu’ils sont simples et que les organismes sont compliqués ? Dans ce cas

  1. Voir les explications de l’auteur sur le « principe de causalité dans la physique contemporaine », Ce livre, p. 42 et suivantes.