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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/377

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sentiment obscur d’accointance avec les mots, et dans une discussion philosophique, il ne semble pas souhaitable d’appeler un tel sentiment « compréhension ». De même, je ne conseillerais pas de parler d’une phrase comme étant « logiquement intelligible » lorsque nous sommes simplement convaincus que sa forme extérieure est celle d’une proposition propre (si, par exemple, elle a la forme, substantif — copule — adjectif et semble donc prédire une propriété d’une chose). Car il me semble que par une telle phrase nous voulons dire beaucoup plus, à savoir que nous connaissons parfaitement toute la grammaire de la phrase, c’est-à-dire que nous connaissons exactement les circonstances dans lesquelles elle s’inscrit. Ainsi, la connaissance de la manière dont une proposition est vérifiée n’est pas quelque chose qui s’ajoute à sa compréhension verbale et logique, mais elle est identique à celle-ci. Il me semble donc que lorsque nous exigeons qu’une proposition soit vérifiable, nous n’ajoutons pas une nouvelle exigence, mais nous formulons simplement les conditions qui ont en fait toujours été reconnues comme nécessaires à la signification et à l’intelligibilité.

La simple affirmation selon laquelle aucune phrase n’a de sens si nous ne sommes pas en mesure d’indiquer un moyen de tester sa vérité ou sa fausseté n’est pas très utile si nous n’expliquons pas très soigneusement la signification des expressions « méthode de test » et « vérifiabilité ». Le professeur Lewis a tout à fait raison de demander une telle explication. Il suggère lui-même quelques façons de la donner, et je suis heureux de dire que ses suggestions me semblent en parfait accord avec mes propres vues et celles de mes amis philosophes. Il sera facile de montrer qu’il n’y a pas de divergence sérieuse entre le point de vue du pragmatiste tel que le conçoit le professeur Lewis et celui de l’empiriste viennois. Et si, sur certaines questions particulières, ils parviennent à des conclusions différentes, on peut espérer qu’un examen attentif permettra de combler la différence.

Comment définir la vérifiabilité ?

Je voudrais tout d’abord souligner que lorsque nous disons qu’« une proposition n’a de sens que si elle est vérifiable », nous ne disons pas « si elle est vérifiée ». Cette simple remarque élimine l’une des principales objections : le « here and now predicament », comme l’appelle le professeur Lewis, n’existe plus. Nous ne tombons dans les pièges de ce problème que si nous considérons la vérification elle-même comme le critère du sens, au lieu de la « possibilité de vérification » (= vérifiabilité) ; cela conduirait en effet à une « réduction à l’absurde du sens ». Il est évident que la difficulté provient