Aller au contenu

Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/378

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’un sophisme par lequel ces deux notions sont confondues. Je ne sais pas si la déclaration de Russell, « La connaissance empirique se limite à ce que nous observons réellement » (citée par le Professeur Lewis loc. cit. 130), doit être interprétée comme contenant cette erreur, mais il serait certainement intéressant d’en découvrir la genèse.

Considérons l’argument suivant que le professeur Lewis discute (131), mais qu’il ne veut imputer à personne :

Supposons que l’on soutienne qu’aucune question n’a de sens si elle ne peut être mise à l’épreuve d’une vérification décisive. Et aucune vérification ne peut avoir lieu si ce n’est dans l’expérience immédiatement présente du sujet. Alors rien ne peut être signifié en dehors de ce qui est effectivement présent dans l’expérience dans laquelle cette signification est perçue.

Cet argument a la forme d’une conclusion tirée de deux prémisses. Supposons pour l’instant que la deuxième prémisse soit significative et vraie. Vous remarquerez que, même dans ce cas, la conclusion ne s’ensuit pas. En effet, la première prémisse nous assure que la question a un sens si elle peut être vérifiée ; la vérification n’a pas besoin d’avoir lieu, et il est donc tout à fait indifférent qu’elle puisse avoir lieu dans le futur ou dans le présent seulement. Par ailleurs, la deuxième prémisse est évidemment absurde ; en effet, quel fait pourrait être décrit par la phrase « la vérification ne peut avoir lieu que dans l’expérience présente » ? Vérifier n’est-il pas un acte ou un processus comme entendre ou ressentir de l’ennui ? Ne pourrions-nous pas tout aussi bien dire que je ne peux entendre ou ressentir de l’ennui que dans le moment présent ? Et qu’est-ce que je peux bien vouloir dire par là ? L’absurdité particulière de telles phrases deviendra plus claire lorsque nous parlerons plus tard de la « problématique égocentrique » ; pour l’instant, nous nous contentons de savoir que notre postulat de la signification empirique n’a rien à voir avec la difficulté du moment présent. « Vérifiable » ne signifie même pas « vérifiable ici maintenant » ; et encore moins « vérifié maintenant. »

On pensera peut-être que la seule façon de s’assurer de la vérifiabilité d’une proposition consisterait à la vérifier effectivement. Mais nous verrons bientôt que ce n’est pas le cas.

La tentation semble grande de relier de façon erronée le sens et le « donné immédiat » ; et certains des positivistes viennois ont pu céder à cette tentation, s’approchant ainsi dangereusement de l’erreur que nous venons de décrire. Certaines parties de la Logischer Aufbau der Welt de Carnap,