Aller au contenu

Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/401

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’expérience sur laquelle nous avons insisté. L’expérience primitive, simple existence de données ordonnées, ne présuppose pas un « sujet », ou un « ego », ou un « Moi », ou un « esprit » ; elle peut avoir lieu sans aucun des faits qui conduisent à la formation de ces concepts ; elle n’est l’expérience de personne. Il n’est pas difficile d’imaginer un univers sans plantes, sans animaux, sans corps humains (y compris le corps M), et sans les phénomènes mentaux dont il vient d’être question : ce serait certes un « monde sans esprit » (car qu’est-ce qui pourrait mériter ce nom ?), mais les lois de la nature pourraient être exactement les mêmes que dans notre monde actuel. Nous pourrions décrire cet univers en termes de notre expérience réelle (il suffirait d’omettre tous les termes se rapportant aux corps et aux émotions humaines) ; et cela suffit pour parler d’un monde d’expérience possible.

Les dernières considérations peuvent servir d’exemple à l’une des thèses principales du vrai positivisme : que la représentation naïve du monde, telle que la voit l’homme de la rue, est parfaitement correcte ; et que la solution des grandes questions philosophiques consiste à revenir à cette vision originelle du monde, après avoir montré que les problèmes gênants ne provenaient que d’une description inadéquate du monde à l’aide d’un langage défectueux.