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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/400

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ils suivront leur cours après que l’humanité aura disparu de la terre. L’expérience ne montre aucun lien entre ces deux types d’événements. Nous constatons que la course des étoiles n’est pas plus modifiée par la mort des êtres humains que, par exemple, par l’éruption d’un volcan ou par un changement de gouvernement en Chine. Pourquoi devrions-nous supposer qu’il y aurait une différence si tous les êtres vivants sur notre planète, ou même partout dans l’univers, s’éteignaient ? Il ne fait aucun doute, au vu des preuves empiriques, que l’existence des êtres vivants n’est pas une condition nécessaire à l’existence du reste du monde.

La question « Le monde continuera-t-il d’exister après ma mort ? » n’a aucun sens si elle n’est pas interprétée comme une question « L’existence des étoiles, etc. dépend-elle de la vie ou de la mort d’un être humain ? » L’erreur du solipsiste ou de l’idéaliste consiste à rejeter cette interprétation empirique et à chercher derrière elle quelque enjeu métaphysique ; mais tous leurs efforts pour construire un nouveau sens de la question n’aboutissent qu’à la priver de l’ancien.

On remarquera que j’ai pris la liberté de substituer la phrase « si tous les êtres vivants disparaissaient de l’univers » à la phrase « si tous les esprits disparaissaient de l’univers ». J’espère qu’on ne pensera pas que j’ai changé le sens de la question par cette substitution. J’ai évité le mot « esprit » parce que je considère qu’il a la même signification que les mots « ego » ou « conscience », que nous avons trouvés si sombres et si dangereux. Par êtres vivants, j’entendais des êtres capables de perception, et le concept de perception n’avait été défini que par référence à des corps vivants, à des organes physiques. J’étais donc fondé à substituer « mort des êtres vivants » à « disparition des esprits ». Mais les arguments valent pour toute définition empirique que l’on peut choisir de donner à l’« esprit ». Il me suffit de rappeler que, d’après l’expérience, le mouvement des étoiles, etc. est tout à fait indépendant de tous les phénomènes « mentaux » tels que la joie ou la tristesse, la méditation, le rêve, etc.

Mais est-il vrai que cette déduction puisse être vérifiée par l’expérience ? Empiriquement, cela semble impossible, mais nous savons que seule une possibilité logique de vérification est requise. Et la vérification sans « esprit » est logiquement possible en raison du caractère « neutre », impersonnel