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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/406

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monde, et non à un détail ; une question qui concerne la structure du monde, une loi valide, et non un fait unique singulier. Cette distinction peut être décrite comme la différence entre la nature réelle de l’Univers et la forme accidentelle sous laquelle cette nature se manifeste.

De même, les raisons pour lesquelles un problème donné est insoluble peuvent être de deux natures totalement différentes. En premier lieu, l’impossibilité de répondre à une question donnée peut être une impossibilité de principe ou, comme nous l’appellerons, une impossibilité logique. En second lieu, elle peut être due à des circonstances accidentelles qui n’affectent pas les lois générales, et dans ce cas nous parlerons d’une impossibilité empirique.

Dans les cas simples donnés ci-dessus, il est clair que l’impossibilité de répondre à ces questions est de type empirique. Le hasard a voulu que ni Platon ni aucun de ses amis n’ait pris de notes exactes de ses actes le jour de son cinquantième anniversaire (ou que ces notes aient été perdues si elles avaient été prises) ; et une remarque similaire s’applique aux questions concernant le poids d’Homère et les choses qui se trouvent de l’autre côté de la lune. Il est pratiquement ou techniquement impossible pour des êtres humains d’atteindre la lune et d’en faire le tour, et il est fort probable qu’une telle exploration du satellite de notre terre n’aura jamais lieu. Mais nous ne pouvons pas déclarer l’impossibilité de principe. Il se trouve que la lune est très éloignée, qu’elle tourne toujours du même côté vers la terre, qu’elle ne possède pas d’atmosphère dans laquelle l’homme pourrait respirer, mais on peut très bien imaginer que toutes ces circonstances soient différentes. Nous ne sommes empêchés de visiter la lune que par des faits bruts, par un état de choses malheureux, et non par un principe quelconque en vertu duquel certaines choses seraient délibérément cachées à notre connaissance. Même si l’impossibilité de résoudre une certaine question est due à une Loi de la Nature, nous devrons dire qu’elle n’est qu’empirique, et non logique, à condition que nous puissions indiquer comment la loi devrait être modifiée pour que la question puisse être résolue. En effet, l’existence d’une Loi de la Nature doit être considérée comme un fait empirique qui pourrait tout aussi bien être différent. Tout l’intérêt du scientifique se concentre sur les Lois particulières de la Nature ; mais le point de vue général du philosophe doit être indépendant de la validité de l’une quelconque d’entre elles.

L’un des principaux arguments de la philosophie que je défends est qu’il existe de nombreuses questions auxquelles il est empiriquement impossible