Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/407

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de répondre, mais pas une seule vraie question pour laquelle il serait logiquement impossible de trouver une solution. Étant donné que seul ce dernier type d’impossibilité aurait ce caractère désespéré et fatal qu’implique l’ignorabimus et qui pourrait amener les philosophes à parler d’une « énigme de l’univers » et à désespérer de problèmes tels que la « connaissance des choses en soi », et d’autres semblables, il semblerait que l’acceptation de mon opinion apporterait le plus grand soulagement à tous ceux qui ont été indûment préoccupés par l’incompétence essentielle de la connaissance humaine en ce qui concerne les questions les plus importantes. Personne ne peut raisonnablement se plaindre de l’impossibilité empirique de tout savoir, car cela équivaudrait à se plaindre que nous ne pouvons pas vivre à tout moment et être en tout lieu simultanément. Personne ne veut connaître tous les faits, et il n’est pas important de les connaître : les principes vraiment essentiels de l’univers se révèlent en tout temps et en tout lieu. Je ne prétends pas, bien entendu, qu’ils s’offrent au premier regard, mais ils peuvent toujours être découverts par les méthodes prudentes et pénétrantes de la science.

Comment puis-je prouver ce que j’avance ? Qu’est-ce qui nous assure que l’impossibilité de répondre à des questions n’appartient jamais à la question en tant que telle, n’est jamais une question de principe, mais est toujours due à des circonstances empiriques accidentelles, qui peuvent un jour changer ? Il n’y a pas de place ici pour une véritable démonstration[1] ; mais je peux indiquer en général comment le résultat est obtenu.

Cela se fait par une analyse du sens de nos questions. Il est évident que les questions philosophiques — et très souvent d’autres problèmes aussi — sont difficiles à comprendre : nous devons demander une explication de ce qu’elles signifient. Comment cette explication est-elle donnée ? Comment indiquer le sens d’une question ?

Un examen consciencieux montre que toutes les manières d’expliquer ce que signifie réellement une question ne sont, en fin de compte, que des descriptions diverses de manières dont on doit trouver la réponse à la question. Toute explication ou indication du sens d’une question consiste, d’une manière ou d’une autre, en des prescriptions pour trouver la réponse. Ce principe

  1. Pour un exposé plus complet de la question, je renvoie le lecteur anglais à deux conférences parues dans les Publications in Philosophy, éditées par le College of the Pacific en 1932, et plus particulièrement à un article sur « Meaning and Verification » dans un prochain numéro de l’American Philosophical Review.