Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/428

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

apparent de ces phrases (c’est-à-dire les représentations qui s’y attachent) sont déterminés naturellement par des facteurs psychologiques de nature essentiellement émotive et difficiles à contrôler. Et cela ne peut se faire que dogmatiquement, les arguments objectifs faisant défaut. Le dogmatisme du métaphysicien est donc chose secondaire. Il est inévitable dès que cette confusion fondamentale des problèmes logiques et des problèmes de fait s’est une fois produite. Comme logiciens nous sommes contents d’avoir découvert le paralogisme ; nous nous sommes débarassés d’une certaine sorte d’inquiétude, dès lors plus d’angoisse à l’égard de la métaphysique. Vis-à-vis de ces systèmes du passé nous manifesterons une compréhension historique, leurs dogmes ne nous irritent plus ; nous pouvons admirer en toute bonne conscience les magnifiques époques d’une humanité qui, tout en cherchant, tout en commettant des erreurs, fait preuve d’une profonde volonté d’arriver à la vérité.

Or, il y a des anti-métaphysiciens qui le sont devenus plutôt par l’agacement que certains dogmes métaphysiques leur causent que par la découverte de l’impossibilité de la métaphysique ; ils ne se réjouissent de cette impossibilité que parce qu’au fond ils en profitent dans la lutte contre leurs adversaires. Leur attitude n’est donc pas purement objective, mais plutôt émotionnelle. Je refuse de faire avec eux cause commune. Souvent aussi ils sont injustes envers la philosophie traditionnelle en déclarant qu’elle n’est qu’un simple recueil de pseudo-problèmes. Je pense au contraire que nous avons tous le droit d’être fiers de ce que nos pensées sont les résultats d’un long développement historique de l’esprit humain. Les historiens de la philosophie décrivent d’abord (et peut-être ne peuvent-ils pas faire autrement) les événements les plus saillants : les grands cris du combat, les œuvres maîtresses des philosophes. Mais celui qui veut observer l’esprit humain dans son véritable développement, doit pénétrer plus profondément. Les grandes vagues de la surface sont agitées par des tempêtes passagères, les courants puissants n’en sont pas touchés, ils continuent à couler tranquillement dans la profondeur.

Quelques-uns de mes amis préféreraient passer pour représentants de la science plutôt que pour philosophes ; ils attachent la plus grande importance au caractère scientifique de notre pensée et prétendent que nos doctrines dérivent en tout et pour tout des connaissances scientifiques et ne doivent