Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/427

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Je crois que cette explication s’accorde le mieux avec le développement historique et les connaissances actuelles. Il y a premièrement des problèmes qui se rapportent à l’existence ou à la non-existence de certains faits : ce sont les questions de fait, qui trouvent leur réponse toujours par l’observation, c’est-à-dire par des expériences de la vie quotidienne ou scientifique. Deuxièmement il y a des problèmes qui ne trouvent leur réponse que par une réflexion sur la manière dont nous exprimons le fait : ce sont les „questions de sens“. On les résout en indiquant, non des faits d’observation, mais les règles de la grammaire logique, dont nous nous servons pour décrire la réalité. Tous les problèmes spécifiquement philosophiques sont de cette dernière espèce. Les autres, les questions de fait, sont les problèmes spécifiquement scientifiques.

La différence entre ces deux espèces de questions est absolument nette ; néanmoins, il est difficile de distinguer exactement entre elles. La plupart des philosophes soupçonnaient seulement que les problèmes philosophiques sont à traiter d’une façon particulière qui est caractéristique pour des questions pareilles et qui ne s’applique pas aux questions de fait. Quant à ces dernières, ils ont souvent reconnu que seule l’expérience observatrice décidait du vrai et du faux ; quant aux questions philosophiques, ils se rendaient compte qu’elles n’étaient pas à résoudre de la même manière. Néanmoins ils les tenaient également pour des questions de fait, et ils devaient en conclure que les faits auxquels elles se rapportaient ne pouvaient pas être atteint par l’expérience. Ainsi ils concluaient que ces faits-là étaient au delà de toute expérience. Voilà l’attitude métaphysique.

Pour illustrer cette confusion typique que nous venons de décrire, examinons un peu le soi-disant problème de „l’essence des idées“, c’est à dire la question de la nature des concepts. Ce „problème platonicien“ peut être considéré comme le problème métaphysique par excellence. Eh bien, les questions qui se rapportent à l’essence des concepts sont sûrement des questions logiques, elles perdent leur aspect mystérieux aussitôt qu’on les a reconnues telles. Il est aussi évident que c’est la fausse interprétation de telles questions comme problèmes de fait qui est responsable de l’erreur consistant à considérer les notions comme des êtres d’une existence particulière („idéal“, „supérieur“).

C’est cette fausse interprétation qui fait du philosophe un métaphysicien prononçant des phrases vides de sens. La forme et le contenu