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chose sur l’Inde[1], qu’il y a quatre castes, et une cinquième dont les Indiens estiment qu’elle ne « mérite d’estre mise au nombre des familles »[2]. Les Bramines, les Settreas, les Weinias et les Soudras tirent leur origine de la bouche, des bras, des cuisses et des pieds de Bramma[3]. Les Settreas mangent de la chair et du poisson, tandis que les Weinsjas (sic), vivent presque de la même façon que les Bramines[4].

C’est l’inverse plutôt. Jamais le vaiçya ne vit comme le brâhmane, mais le brahmane mène assez souvent la vie du vaiçya, en labourant la terre, en soignant les bestiaux, ou en faisant le commerce. La loi, comme nous l’avons dit déjà, le permet, quoiqu’à regret, quant à l’agriculture du moins. Mais à l’impossible nul n’est tenu, et on fait ce qu’on peut. Ce sont là deux maximes que le sens éminemment pragmatique du législateur indien n’a cessé de recommander dans tous les temps.

Je continue de citer.

« La quatrième lignée, celle des Soudras, elle est composée du commun peuple. Cette lignée a sous soy beaucoup et diverses familles, dont une chacune prétend surpasser l’autre, et pour ce sujet il arrive souvent des difficultez dans ce pays-là, si l’une ou l’autre de ces familles-là fait quelque chose davantage que de coustume dans leurs mariages, ou dans leurs enterrements, et on a veu souvent que pour cela toute une ville a esté esmue[5] ».

Rien en effet n’est plus vrai. On connaît dans le sud de l’Inde les rivalités souvent sanglantes de ces sous-divisions qu’on appelle castes de la main droite et castes la main gauche et qui ne sont autres que des subdivisions d’une seule et même caste, celle des çûdras. Les documents conservés dans les archives coloniales en parlent longuement et nous aurons occasion d’y revenir. Abrah. Roger n’oublie pas d’ailleurs de nous dire que les çûdras se divisent en 25 sous-castes, et il en cite les noms. Cette donnée, exacte sans doute quant au pays que Roger avait en vue, n’est pas d’une application constante et universelle. M. Vinson énumère plus de 60 subdivisions pour tout le pays drâvidien, tandis que le major Cornish, dans le recensement qu’il fit, en 1871, de la population de la présidence de Madras, qui compte 31,397,872 individus, trouva les çûdras groupés en 13 subdivisions seulement[6]. Mais sans doute que ce sont là de grandes classifications, susceptibles d’être divisées en une foule de corporations, car en fin de compte, c’est à la divi-

  1. Je fais abstraction, et pour cause, du fameux Robert de Nobilibus. Ce faussaire était neveu du cardinal Bellarmin et mourut dans l’Inde en 1656.
  2. La Porte ouverte, p. 2, 13.
  3. La Porte, etc., p. 17.
  4. Ib., liv. IV, 6, 9 ; cf. p. 2.
  5. Ib., p. 8.
  6. Cornish, Report on the census of the Madras Presidency, I, p. 68, 117.