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pieds ; je résiste, dis-je, à la tentation d’en faire une description détaillée, telle au moins que, par suite du voyage initiateur de Fedtschenko, en 1871, les récentes explorations de Gordon, de Stoliczka, de Biddulph, de Majeff, de Koslenko, de Muschketoff, de Korostowtzew, de Sewerzow, de Skassi et de Schwartz[1], elle est possible à l’heure qu’il est. Ne nous écartons pas de notre sujet, et disons qu’une partie de nos émigrants quitta la terre, désolée par un hiver meurtrier et dont les effets persistent toujours, en prenant la direction nord-ouest. Laissant à sa droite le Jaxarte (Syr-darja), elle tourna à gauche et s’établit dans le Duâb, le pays des deux fleuves, que le Vendidâd appelle Sugdha (Sogdiane) et que traverse cette belle rivière nommée Zarafshâne sur laquelle vint s’élever l’illustre cité de Maracanda (Samarcande). Dans la suite des temps, la Sogdiane devint trop petite pour contenir tous les descendants des Irâniens primitifs ; il y eut une seconde émigration, à laquelle sans doute succédèrent d’autres qui franchirent l’Oxus (Amu-darja), entrèrent dans la Bâkhdi (Bactriane), se répandirent dans le Khorassân, et peuplèrent successivement tous les pays qui s’étendent depuis l’Arachosie jusqu’à l’Arménie.

Une autre partie des Aryas s’en alla du Toit du monde, élevé, nous l’avons dit, de 13,000 pieds au-dessus du niveau de la mer, par la pente du sud-est, et descendit dans le Kabulistân par la route excessivement âpre et hérissée de barrières orographiques et hydrographiques du Wakhan, du Dardistân et du Kafiristân. Puis, elle franchit l’Indus et arriva dans le Pendjâb, le pays des cinq rivières.

Ces migrations ne se firent assurément pas tout à la fois ni par masses nombreuses et compactes. Une intelligente lecture du Rig et du Vendidâd fait voir ce qui est historiquement prouvé pour les migrations germaniques, que les Aryas, tant irâniens qu’indiens, se mirent en route successivement et par groupes de familles plus ou moins nombreux. On peut compter au moins une dizaine de tribus parmi les agriculteurs irâniens qui, sortis du Qaniratha (Airyena vaeja ?) entouré de la mer Vuruksha — disposition qui fait involontairement songer au Pamir garni d’un chapelet de lacs salés qui s’étend autour de la plus grande partie du gigantesque talus[2], — se répandirent lentement, au sud jusqu’au golfe persique, à l’ouest jusqu’au Caucase et à l’est jusqu’au Béloudshistân. De même les tribus principales des pasteurs védiques,

  1. Les explorations de ces savants datent de 1873 à 1878. Voir Geographische Miltheilungen du grand et infortuné Petermann. XXIV, pp. 114, 436 ; 160 ; 315, 474 et das Quellgebiet des Oxus par Behm, dans le 1er cahier de 1879, et la carte du Plateau, dans le même cahier.
  2. Parmi ces lacs, les plus considérables sont le Kara-Kul, long de 27 milles angl., large de 12 m., et à 13,194’ au-dessus du niveau de la mer ; puis, le Sir-i-Kul ou Kul-i-Pamir-kalan, lac du Grand-Pamir, sous 37°30’ de lat. et 74° de long., dont l’élévation est de 13,950’.