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aussi à celle des autochthones. La légende le fait passer d’ailleurs pour avoir prêché parmi eux (1), et peut-être entend-elle par ces autochthones les Nâgas qu’elle nomme parmi les auditeurs ordinaires du Buddha (2).

Sans doute, tout cela s’applique à Siddhârtha, comme la légende s’applique à l’histoire, cependant Çâkyabuddha, le buddha historique, né et élevé au milieu de la civilisation brahmanique, y perce en traits positifs et la plastique, je le répète, n’ignore pas son existence réelle. Outre la protubérance du crâne dont nous avons déjà parlé et qui est évidemment un signe individuel, elle le représente dans les images coloriées avec des ongles dont la couleur est foncée, ce qui ne peut se rapporter qu’à une personne de sang mêlé, à une individualité réelle par conséquent. Mais cela aussi nous reporte à un élément autochthone, et corrobore ainsi l’opinion qu’on avait de l’existence d’un buddhisme antérieur à la doctrine du fils du roi de Kapilavastu.

Les autochthones de l’Inde, comparés déjà par Strabon et Arrien aux Egyptiens et aux Ethiopiens (3), sont réprésentés encore aujourd’hui par un grand nombre de peuplades noires ou rouges de cuivre, telles que les Bhills, les Kolas, les Gondhs, les Paharias, les Nâgas et autres que des voyageurs, comme Fr. Hamilton, Heher et Schlagintweit (4) nous dépeignent toutes plus ou moins douées au physique des signes précités du Buddha et dépourvues aussi, comme les disciples immédiats de Siddhârtha, de toute notion théologique et surnaturelle. Dans leurs cultes nocturnes et bruyants où le serpent, le dragon, emblèmes d’un fait solaire, puisque tout contre sa nature

(1) Hiouen Thsang, p. 191.

(2) Fa hiari, XVII, p. 126, 161.

(3) Strab. lib. XV, c. 1, p. 588, édit. Didot. —. Arriani Indica, c. VI, in fine.

(4) Voir au Musée d’anthropologie les moulages de ces peuples faits sur nature par R. Schlagintweit.