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tato ’nnam abhijâyate annât prâno manaḥ satyan lokâḥ karmasu câ ’mṛitam[1]. Aussi l’Indien observe-t-il toujours encore le précepte de Manou, qui veut « qu’on honore sa nourriture, pûjayed açanam ; qu’en la voyant on se réjouisse, dṛishtvâ hṛishyêt ; elle doit être constamment révérée, pûjitam açanam nityam[2] », et l’initié, le deux fois né, après avoir observé tout un rituel en se disposant à manger et en mangeant, doit terminer son repas en disant à voix basse : « Mon péché est tué ! tué est mon péché ! Ainsi soit-il ![3] »

Mais il y a l’acte qui, bien autrement puissant que celui qui nous fait renaître, donne à l’homme la vie elle-même et l’appelle à l’existence. Devant ce prodige, car c’en est un dans tous les sens[4], les hommes de nature, nos premiers ancêtres, restaient confondus et s’inclinaient ; le culte de l’organe qui sert à l’opérer s’établit de bonne heure, et bientôt, par la suite qu’entraîne toute aberration du sens religieux sur un sujet d’ordre purement physique, apparurent les mythes et les légendes phalliques. On les trouve chez tous les peuples de la race blanche ; seulement il est évident, par l’étude comparative, que partout ils ne se présentent plus qu’à l’état de « membres épars ». Cet

  1. Mundaka-Upunishat, I, 1, 7.
  2. Mânavadh., II, 54, 55.
  3. V. le Code domestique (grihyasûtra) d’Açvalâyana, I, 24, §§ 14-31 ; Stenzler, dans Abh. f. d. K. d. M., III, IV.
  4. Prodigium, dans le sens premier, désignait une chose qui occupe la première place, la chose qui importe le plus, puis, par extension, une chose étonnante, un fait merveilleux et inexplicable. De même aussi quant au mot « miracle. » Les anciens appelaient ainsi les choses dont il est difficile, dit Valère Maxime, de discerner le principe et la raison. (Val.-M., I, 8.)