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Page:Schoebel - Le Mythe de la femme et du serpent.djvu/59

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blance[1]. De plus, dès le commencement, la Genèse nous présente l’énergie (ruach) d’Elohim sur les eaux primordiales, les frappant et les couvant à la fois, ainsi que le fait clairement entendre le terme merachpheth[2].

Nous ne voulons pas rechercher ici si, relativement à l’homme, le gynandromorphisme a jamais été, comme le texte nous le montre dans l’humanité représentée par le premier être humain[3], une réalité effective et normale ; ce que nous pouvons dire, c’est que l’homme androgyne n’est pas impossible. Aujourd’hui, il est vrai, l’hermaphroditisme est un cas de monstruosité que Rudolphi, Berthold, Meyer, Gruber et plusieurs autres savants ont constaté et techniquement décrit[4]. Les Romains ne furent pas si avisés ; les androgynes leur étaient tellement odieux qu’ils se hâtaient de les jeter à l’eau, in flumen ou in mare, quand ils leur tombaient sous la main ; et une fois, l’apparition d’un androgyne leur parut même si néfaste, qu’ils ordonnèrent des supplications publiques[5]. Cependant, primitivement on croyait que l’état androgyne avait été naturel aux êtres. Toute l’antiquité, dit Gerhard, se représentait comme

  1. Et dixit Elohim : Faciamus hominem ad imaginem nostram, et ad similitudinem. Et fecit Elohim hominem : ad imaginem Elohim fecit eum : masculum et feminam fecit eos. (Ib., 26, 27.)
  2. Cf. F. Nork, Andeutungen eines Systems der Mythologie, 317, note 1.
  3. Genèse, V, 2 : Elochim le créa mâle et femelle, et le nomma homme (Adam).
  4. Mém. de l’Acad, de Berlin, 1828, p. 63 ; Mém. de la Soc. royale des sciences de Gœttingue, 1845, p. 104 ; Archives de path., etc, de Virchow, XI, 420 ; Mém. de l’Acad. des sciences de S.-Petersbourg, 1859 ; Debay, Physiologie du mariage, p. 299, 35e édit.
  5. Supplicatum in Urbe, quod androgynus inventus. (Jul. Obséquens, Des Prodiges, CVIII.)