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ment public. Cimon encore et Denys le jeune épousèrent chacun sa sœur[1], et un certain Callias, prêtre de Cérès au temps d’Alcibiade, avait deux femmes, dont l’une était sa mère et l’autre sa sœur[2]. Il est probable que les Ptolémées, chez lesquels les mariages de cette espèce étaient de règle, avaient apporté ces mœurs de leur pays d’origine en Égypte où, du reste, comme nous venons de l’indiquer, régnait le même usage. Mais de tous les peuples policés, ce sont les Perses qui se sont le plus longtemps complu dans cette coutume, et ils l’ont même exagérée. « Non seulement, dit l’historien du règne de Justinien, les Perses épousent leurs sœurs et leurs cousines, mais les pères s’unissent à leurs filles, et, chose plus étrange, les fils à leurs mères[3] ». Ces dernières alliances étaient consacrées par le code national. Jus est apud Persas misceri cum matribus, dit Minutius Félix[4], et une foule d’autres auteurs se prononcent dans le même sens[5]. Ah ! certes, la fornication, pour nommer la chose par son nom, est si répandue, et elle remonte à une époque si reculée, que

  1. Plutarchi Cimon, V ; Timoléon, XV.
  2. Andocide, Discours sur les mystères, dans les Orateurs athéniens de l’abbé Auger, p. 149. — Il est vrai que le commerce sexuel d’Œdipe avec sa mère Jocaste, et de Thieste avec sa fille Pélopée fut considéré comme un crime et eut des suites tragiques ; mais ce sont des mythes accommodés dans un but politique et moral.
  3. Agathias, Histor. de Imperio Justiniani, II, p. 58 ; 1594.
  4. Minut. Félix, Octav., XXXI.
  5. Ctesias, ap. Tertullien, Apolog., IX ; Bardesane, ap. Eusèbe, Préparat. évang., VI, 10 ; Quint. Curt., VIII, 2, 19 ; Xanthus, ap. Clemens Alex., Stromat., III, p. 515 ; Sextus, Hypotyp., I, 14 ; Theodoret, Therapeut., p. 128, éd. Sylburg ; S. Jérôme, Cont. Jovin., XI ; Tatian., Oratio ad Græcos, XLV, p. 100, éd. Oxford, 1700 : Conjungi cum matre… inprimis laudabile.