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l’humanité pourrait dire, comme certaine prêtresse de Priape : « Je veux que les dieux me punissent si je me souviens d’avoir été vierge, car je n’étais encore qu’un enfant que je m’abandonnais à ceux de mon âge[1] ». Caligula, quelque fou qu’il fût d’ailleurs, eut donc raison de se servir de Priape comme d’un terme outrageant[2], bien qu’au fond le mot veuille simplement dire « le semeur[3] ».

CHAPITRE VI

Nous venons de voir ce qu’il en reste de notre mythe dans le Véda. Les autres monuments poétiques anciens de l’Inde, le Mahâbhârata et le Râmâyana, en ont aussi conservé quelques traces. Pour le premier, il nous présente dans la lutte du divin oiseau Garouda contre les serpents, du corps desquels il arrache l’immortalité[4], une réminiscence transformée du mythe védique de Kriçânu et de Çyéna, que nous avons mentionné plus haut. Et à cette occasion, nous devons remarquer que tous ces récits de lutte d’êtres ailés contre des nâgas rampant sur le ventre, mais résidant dans un lieu construit par les dieux et possédant en eux la source de la vie sans cesse renaissante,

  1. Junonem meam iratam habeam, si unquam me meminerim virginem fuisse, etc. (Petronii Satyricon, XXV.)
  2. Suétone, Caligula, 56.
  3. V. plus loin, p. 83.
  4. V. Mahâbhârata, çl. 1493-1505