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Page:Schoebel - Le Rituel brahmanique du respect social.djvu/28

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pour une durée de temps très-limitée, et le commentaire va nous faire entendre quelle est cette durée.

Maintenant, si on veut avoir le sens littéral des termes précités, on dira que daçdbdâkhyam est ce qui a dix années pour dénomination ; que pancâbdâkhyam est ce qui a cinq années pour dénomination ; que tryabdapûrvam exprime ce qui a devant soi trois ans, qui est en avance de trois ans. En traduisant dans un français intelligible on dirait donc : « L’égalité entre concitoyens est déterminée par une différence d’âge de dix ans ; entre artisans, pour une différence d’âge de cinq ans, etc. Entre brâhmanes, cette différence d’âge est limitée à trois ans, et encore faut-il que ces brâlimanes soient des çrotriyas. Un çrotriya est un brâhmnne qui a approfondi le sens de la révélation ou çruti, qui est versé dans le Véda. On l’appelle aussi Védabrâhmana. Le mot correspondrait aussi au sopher hébreu et au Schriftgelehrter allemand. Nous voilà loin du blôtkarl des peuples germaniques et du θυτήρ des races helléniques[1].

  1. Le nom du prêtre germanique, blôtkarl littér., homme de sang, vient de blôtan saigner, comme θυτήρ de θύω tuer. Les rites religieux des pasteurs védiques ne connaissent déjà plus le culte de Dieu par le sang humain, si tant est que les Aryas aient jamais pratiqué ce sacrifice abominable, ce dont je doute fort. Je crois qu’à aucun moment de l’histoire la race aryenne n’est tombée à l’état de sauvagerie. Le culte védique connaît tout au plus l’immolation des animaux, dont les agents sacrés s’appellent çamitâra qui apaisent (voy. la description d’un tel sacrifice dans l’Aitareya-Brâhmana, ap. Roth, Nirukta, p. XXXVII et seqq.) ; mais ce sacrifice même ne put se maintenir longtemps. Il disparut probablement devant l’influence civilisatrice du buddhisme de Çâkya. — Quant au sacrifice humain purushamedha, il était célébré par des cérémonies purement emblématiques. (Voy., entre autres textes, la légende du sacrifice de Çunahçepa dans l’Aitareya-Brâhmana, ap. Roth, dans Indische Studien, I, 461, sq. ; II, 115. sq. — Râmâyana, I, 63, sq). Les victimes étaient relâchées intactes. Aussi le Véda, qui se rapporte aux sacrifices,