Page:Schoelcher, Protestations des citoyens français nègres et mulâtres contre des accusations calomnieuses, De Soye et Cie, 1851.djvu/15

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tez-moi donc, Monsieur le Rédacteur, d’user de votre publicité pour y répondre.

« Je m’efforcerai d’être bref. Aussi, sans examiner si un journal judiciaire a le droit d’injurier, non-seulement des accusés, que leur position même devrait protéger, mais encore la portion la plus considérable de la population de nos départements d’outre-mer, de représenter les noirs comme des brutes que les mulâtres poussent au massacre des blancs et à l’incendie des propriétés par la promesse du partage des terres ; je dis tout d’abord que le journal qui édite d’aussi monstrueuses accusations commet au plus haut degré le délit reproché aux mulâtres : celui d’excitation à la haine des citoyens entre eux. Les passions qui s’exaltent sous le soleil brûlant des tropiques peuvent à peine faire excuser les violences de la polémique des organes de l’opinion aux Antilles ; à plus forte raison, en France, les journaux qui se respectent doivent-ils s’abstenir de déclamations aussi extravagantes qu’odieuses.

« Cependant ce n’est pas la première fois que la Gazette des Tribunaux ouvre ses colonnes à des attaques de cette nature. Déjà son correspondant, glanant à la suite des conseils de guerre, est venu mettre au ban de la civilisation les émancipés de 1830 et ceux de 1848. Il a dit, en parlant des mulâtres :