Page:Schoelcher, Protestations des citoyens français nègres et mulâtres contre des accusations calomnieuses, De Soye et Cie, 1851.djvu/39

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rable guerre. Lorsque le ministère de la marine rappela le commissaire général, M. Perrinon, il céda aux plaintes les plus ardentes de quelques colons, il n’y allait pas moins que du salut de la race européenne menacée, disait-on, par les fureurs de la substitution et la barbarie native des Africains. On avait tant dit au pouvoir exécutif, la Feuille de la Martinique, organe du prétendu parti de l’ordre, avait tant répété que l’administrateur mulâtre menait cette île à l’anarchie et au massacre des blancs, qu’il avait fini, certaines influences aidant, par en être persuadé ; M. l’amiral Bruat, nouveau gouverneur général de la Martinique, partit également avec cette idée. Voici ce qui arriva. Peu de temps après son débarquement, l’amiral reçut une députation de colons qui venaient, disaient-ils, « saluer en lui toutes les espérances d’un avenir meilleur. » Mais instruit par le spectacle qu’il avait sous les yeux, cet officier général répondit : « Messieurs, la France ne peut faire pour votre pays tout ce qu’elle voudrait… Si vos ports sont abandonnés, c’est qu’en Europe on vous croyait en proie au plus affreux désordre. Moi-même, je pensais, en venant vers vous, qu’il me faudrait tirer le sabre, mais l’ordre et la tranquillité vous sont assurés, je vous promets de les maintenir. »