Page:Schoelcher, Protestations des citoyens français nègres et mulâtres contre des accusations calomnieuses, De Soye et Cie, 1851.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

M. Bruat resta longtemps dans ces convictions, si bien qu’alors on l’accusait catégoriquement, nominativement, d’être un des chefs du complot ayant pour but l’expulsion de la race blanche ; on l’appelait le grand amiral des rouges !

À une époque où ne se publiait à la Martinique que deux feuilles appartenant toutes deux aux anciens privilégiés, l’amiral écrivait encore à M. le ministre de la marine, le 25 septembre 1849, après une année de séjour aux Antilles : « La presse périodique est aux colonies un des plus puissants éléments de l’agitation des esprits. Son langage incisif et passionné, reflet, soit du regret du passé, soit d’une espérance antigouvernementale, se livre, etc. Le Courrier, qui se prétend l’organe des amis de l’ordre, entretient et crée ici des désordres préjudiciables aux intérêts des propriétaires sérieux. Les calomnies qu’il avance sont tellement inouïes qu’elles peuvent tromper ceux qui ne connaissent pas les faits et les personnes. »

Oui, ces accusations de propagande de haine, portées par une infime faction des anciens privilégiés contre la classe de couleur, ne peuvent égarer que ceux qui ne connaissent pas les faits et les personnes. Et, qu’on ne s’y trompe pas, elles ne sont pas nou-