Page:Schoelcher, Protestations des citoyens français nègres et mulâtres contre des accusations calomnieuses, De Soye et Cie, 1851.djvu/46

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Saint-Domingue et à quinze cents lieues de la France[1]. »

On oublie, on veut oublier tout cela, et c’est avec trop de raison que nous pouvons répéter ce que M. le capitaine de vaisseau Layrle, ancien gouverneur de la Guiane et de la Guadeloupe, aujourd’hui directeur du personnel au ministère de la marine, disait tristement en 1842 :

« Les torts ne sont pas du côté de la classe de couleur. L’exclusion sociale dont elle est frappée peut faire naître en elle des ressentiments, des idées de vengeance contre ceux qui la tiennent dans l’isolement. Les progrès des mulâtres n’atténueront pas les fâcheux dissentiments que les prétentions injustes de nos colons ont fait naître »[2].

Aux prétentions injustes dont parle M. Layrle, il faut ajouter aujourd’hui l’insigne et déplorable faiblesse que met à les écouter un ministère dont le premier devoir serait de les réprimer.

Voilà cette classe si longtemps écrasée par une législation sauvage et que l’on semble vouloir écraser de nouveau sous les imputations les plus horribles ! Telle fut la con-

  1. Discours d’installation de M. Bayle, comme procureur général près la Cour de Douai.
  2. Abolition de l’esclavage dans les colonies anglaises, p. 273.