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Page:Schoonbroodt - L'autre Suzanne, 1916.djvu/25

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vieillards aimèrent Suzanne après l’avoir surprise un matin qu’elle prenait son bain dans la rivière. Ils se jetèrent brutalement sur elle et voulurent en abuser, mais on nous assure que Suzanne leur résista victorieusement, ce dont je suis bien heureuse pour la bonne réputation de notre sexe faible. Cela valut à ta patronne, ma chère, la canonisation ecclésiastique quelques siècles plus tard.

SUZANNE. — Écoute donc les vers (elle lit):


De Suzanne, épouse fidèle,
Nous admirons la chasteté.
Un refus la rend immortelle,
Comment l’eût-elle mérité ?

Son cœur put-il être tenté ?
Deux vieillards exigeaient tout d’elle.
À cet aspect, avec fierté,
Messaline eût été cruelle.

Mme de RYVÈRE, (interrompant la lecture). — Dame, Suzon ! ton Grécourt n’a pas tout à fait tort.

SUZANNE. — La fin est piquante.


Mais si quelqu’aimable indiscret
Fait pour l’amour, propre au secret,
Hardi, pressant et plein de flamme,

Eût fait près d’elle autant d’effort,
Peut-être, — Suzanne était femme, —
N’eût-elle pas crié si fort.