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Mme  de RYVÈRE. — C’est très spirituel, en effet.

SUZANNE. — Tu saisis l’allusion ?

Mme  de RYVÈRE (entêtée à ne pas comprendre). — Il y en a une ?

SUZANNE. — Merci pour les yeux qui ne voient pas et les oreilles qui ne veulent pas entendre. L’allégorie est si diaphane que tu la saisis parfaitement, car tu es trop intelligente et trop fine malgré les airs bourgeois et — pardonne — un peu niais que tu veux te prêter et qui ne vont pas avec ton genre de beauté. Les deux vieillards du sonnet ont été modernisés : l’un est mon mari et l’autre d’Estinnes.

Mme  de RYVÈRE. — Pourquoi Henry d’Estinnes ?

SUZANNE. — C’est le secret de Polichinelle. Pourquoi d’Estinnes ? Parce que d’Estinnes me sait mariée à un homme qui n’est pas… qui ne sera jamais… qui ne peut être mon mari… parce que sachant tout cela, d’Estinnes, comme beaucoup d’autres, attend que je tombe.

Mme  de RYVÈRE. — Pour te porter secours…

SUZANNE. — Ou pour m’aider à descendre plus bas encore. Peu importe, puisque j’ai raison et que voici trouvés mes deux vieillards.