J’ouvris les yeux, brusquement, révoltée. Margeret venait d’entrer, de m’apercevoir seule encore, seule toujours, femme qui n’a point de mari, de mari digne de ce nom… Margeret, te dis-je, avec la fatuité d’un homme jeune encore qui sait ne rencontrer ici que des vieillards rhumatisants ou goutteux, Margeret m’avait baisée aux lèvres. Oh ! la crapule !
Mme de RYVÈRE. — Calme-toi, de grâce ! Suzon, tu me fais peur. C’est lâche, en effet, ce qu’il a fait là… mais, toi, que fis-tu ?
Mme SUZANNE. — Je le saisis par la gorge, comme un voleur et, élevant la voix, j’appelai à l’aide.
Mme de RYVÈRE. — C’est très bien, cela.
Mme SUZANNE. — On accourut. D’Estinnes (riant d’un rire nerveux et saccadé), ce bon d’Estinnes, remplaçant M. de Mimyane abandonné je ne sais où dans son char à roulettes, chassa Margeret de l’hôtel.
Mme de RYVÈRE. — Ton mari ?
Mme SUZANNE. — Tu comprends que nul ne songeait plus à lui. Perdu au tournant de quelque salon, il devait blasphémer avec accompagnement de gros mots de charretier….
Mme de RYVÈRE. — Margeret partit ?