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ou non, n’y pensez pas, c’est trop vilain… Eh bien, voici que je n’y suis plus du tout… Que disais-je ?

D’ESTINNES. — Qu’elle n’avait jamais aimé Mimyane.

Mme  de RYVÈRE. — Vous autres, les hommes, que comprendrez-vous jamais aux choses du sentiment ? En nous, il n’y a pas seulement l’âme dévouée qui fait l’épouse et la mère, il y a encore et surtout… et avant tout, le cœur fougueux qui fait la femme, la créature de chair et d’os… la femme enfin, la vraie femme. Il y a l’être féminin qui sourit, s’émeut, souffre, vit, palpite. Quelles que soient l’éducation, les conventions morales ou de caste, il y a la nature qui a des droits imprescriptibles qu’elle entend réclamer hautement quand on songe à lui en refuser le libre exercice. Et qu’exige cet être, en somme ?

D’ESTINNES. — Un peu de volupté.

Mme  de RYVÈRE. — Disons : un peu d’amour.

D’ESTINNES. — D’aucunes s’en passent. Les sœurs de charité…

Mme  de RYVÈRE. — Ne posons pas le problème de cette façon, mon cher ami, car je serais encore bien capable de vous servir l’une de ces énormités qu’avait Mme  de Ryvère à vingt ans.