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est, d’une discrétion absolue. Nous avons un sauvetage à opérer. Serez-vous des nôtres ?

D’ESTINNES. — Ma devise est celle de la maison de Nevers : J’y suis.

Mme de RYVÈRE (lui tendant la main qu’il prend). — Je vous permets de me baiser la main. Notre chère petite Suzanne qui est malheureuse, très malheureuse… n’allez jamais le lui dire, au moins… se trouve à un instant critique entre tous, dans son existence d’honnête femme. Si je n’arrive à y mettre ordre, cela peut finir très mal, car Suzon est capable de prendre un amant, ce qui est fort mal, et de faire un esclandre, ce qui est bien plus irréparable en somme. On a eu tort de la jeter toute vivante, toute vibrante à cet affreux Mimyane. Un homme de cet âge et de cette santé n’épouse pas une jeune fille de ce tempérament. Bref, Suzanne est devenue femme seulement sur le tard… trop tard, me paraît-il, car à ce moment son ignoble mariage était accompli.

D’ESTINNES. — Bref, elle n’aime plus son mari.

Mme de RYVÈRE. — Elle ne l’a jamais aimé. Mettez-vous à sa place, mon brave d’Estinnes. Pensez un peu que… (avec un profond dégoût)