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mais de la force, de la virilité. Devant elle, bousculez son mari, souffletez vos valets, cravachez votre maîtresse si vous en avez une, bousculez-la elle-même si l’occasion s’en présente. Soyez en tout et surtout le maître, et Suzanne sera bien près de vous aimer réellement.

D’ESTINNES. — Le pauvre rôle que vous me ferez jouer là.

Mme de RYVÈRE. — Préférez-vous que dès demain elle aille se jeter dans les bras de Margeret ? À votre aise.

D’ESTINNES. — Cela non, par exemple. Mais, elle le hait.

Mme de RYVÈRE. — Homme jeune ! Quand je vous prophétisais que jamais vous ne connaîtriez le cœur féminin ! Elle le hait, oui, elle le hait avec passion. Elle y met même un tel acharnement que je pense que la vérité est contraire à la parole. Elle aime Margeret qui la baisa aux lèvres… ce baiser est son premier baiser, ne l’oubliez jamais.

D’ESTINNES. — Aimer cet homme ? Allons donc !

Mme de RYVÈRE. — Elle l’aime, vous dis-je, parce qu’il est le maître qui commande, qui dit