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l’effrayant et si doux « je veux ». Celui dont l’étreinte fait mal, dont la bouche fait saigner… l’amant, enfin.

D’ESTINNES. — Elle est sa maîtresse ?

Mme de RYVÈRE. — Je n’ai pas dit cela. Cela serait et je le saurais que vous vous ne sauriez pas. Elle lutte encore contre elle-même, mon cher ; mais je connais l’issue fatale de ces luttes plus amusantes que sérieuses entre le cœur et la raison, entre la nature aveugle et le préjugé réfléchi. C’est toujours le cœur et la nature qui l’emportent.

D’ESTINNES. — Vous êtes vraiment réconfortante.

Mme de RYVÈRE. — Oh ! moi aussi, j’eus de mauvais moments avant que d’avoir les cheveux grisonnants.

D’ESTINNES. — Toutes les âmes ne se ressemblent pas.

Mme de RYVÈRE. — Oui, mais toutes les femmes sont les mêmes.

D’ESTINNES. — Vous en êtes sortie victorieusement cependant.

Mme de RYVÈRE. — J’avais un fils, d’Estinnes. — Refusez-vous m’aider ?

D’ESTINNES. — J’accepte.