Page:Schoonbroodt - Le retour de la petite bourgeoise, 1916.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sous la conduite d’un franc-maçon… si le Ciel allait nous punir, Antoine !

Monsieur Brayant. — Allons, bon ! Allons, bien ! Tu deviens folle et pendant ce temps-là nous nous détrempons comme des canes… entre deux ponts encore, dans le courant d’air…

Madame Brayant. — Figurez-vous un peu, Monsieur Brayant, si votre femme allait revenir de Paris avec une jambe ou un bras de moins…

Monsieur Brayant (entre les dents). — Ce serait bien plus curieux si tu y oubliais ta langue, par exemple.

Madame Brayant. — Plaisantez, Antoine, si ce spectacle de votre épouse manchote et cul-de-jatte ne parvient plus à émouvoir votre cœur d’époux… Mais moi, quand on me conduira en voiture-hamac à Bavière, après la catastrophe de chemin de fer, et qu’on me déshabillera pour m’amputer, je ne veux pas avoir les pieds sales, moi.

Monsieur Brayant. — Allons, c’est dit. Va prendre ton bain. Ça ne nous coûtera tout de même que trente-cinq centimes… À cela près sur les frais du voyage…

Madame Brayant. — Nous devons nous retrouver à cinq heures chez la veuve Ramelin.

Monsieur Brayant. — Entendu. J’y serai, bobonne.