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pauvre maman qui m’aimait bien aussi, elle. Si l’instant n’avait été si triste, que d’heures agréables nous aurions pu passer ensemble !…

Jean. — Il me semblait, Pauline, que vous étiez ma sœur, ma vrai sœur que je laissais au foyer en repartant. Et pourtant, en quittant la maison paternelle, il me semblait aussi que j’y laissais comme un peu de regret… comme quelque chose de moi-même et de mon bonheur… Mais, j’y pense, pourquoi n’habitez-vous pas chez nous, pour du bon ?

Pauline. — Ah ! si c’était possible… Si ?… Mais ce n’est pas possible.

Jean. — Et pourquoi ? Papa est tout seul, tout seul avec notre vieille et bonne servante, dans l’appartement où il vit maintenant. Moi, j’ignore quand je rentrerai à Liège et même si j’y rentrerai quelque jour définitivement, parce que mon art ne peut se développer sérieusement dans ce champ d’activité restreint qu’est la province. Vous seriez, vous, comme la fille de mon vieux papa, Mademoiselle Pauline ; vous seriez alors un peu comme ma propre sœur…

Pauline. — Ce serait un beau rêve, Monsieur Jean.

Jean. — Qu’a-t-il d’irréalisable ? Père n’y a jamais songé sans doute, ou bien a-t-il eu peur que je ne sois